Conférence de presse tenue à la CPS le 24 février 2021
Aujourd’hui, ONFI était présent à la réunion de lancement de la réalisation d’opérations de gestion, de protection et de restauration de bassins d’alimentation de captages AEP dans le cadre du programme PROTEGE financé par l’Union européenne, qui se déroulait à la Communauté du Pacifique Sud (CPS) à Nouméa en Nouvelle-Calédonie.
Dans le cadre d’un appel d’offres, ONFI a été sélectionné pour mettre en œuvre des opérations sur la commune de Touho, située au Nord Est de la grande terre.
La commune de Touho dispose de 4 captages superficiels actifs pour alimenter la population, dont le captage principal est celui de Haccinem, desservant à lui seul la moitié des habitants de la commune. L’opération se concentrera sur deux captages : ceux de Haccinem et de Kokingone.
Les pressions majeures qui pèsent sur les bassins d’alimentation en eau sur Touho sont l’érosion des sols, les ongulés envahissants, les feux de brousse et les pollutions humaines (déchets, hydrocarbures, etc.), impactant la qualité physico-chimique de l’eau.
Parmi les acteurs présents sur la commune de Touho et qui exercent des maitrises foncières sur les espaces de captage (terres coutumières ou domaniales), plusieurs se sont manifestés pour contribuer à mettre en œuvre des actions de restauration et de protection : l’association du conseil des clans de Kokingone, TIPWOTO (association de chasseurs) et Cèmi Acuut A Mulip (CAAM – association de reboisement). ONFI intervient dans la coordination du projet. Le projet pourra compter sur l’appui et le suivi de l’IRD, la commune de Touho et la Province Nord.
Sur le bassin de captage de Haccinem, l’enjeu de sécuriser et de conforter les investissements passés a été souligné par les parties prenantes (associations locales et collectivités). Cela doit permettre de consolider l’existant et de faire vivre l’effort de capitalisation afin de mieux orienter de nouvelles actions et de parfaire l’efficacité des techniques.
L’association du conseil des clans de Kokingone s’est mobilisée afin de protéger sa ressource en eau et le captage. Des feux survenus par le passé ont totalement détruit la forêt sur la rive droite du creek. Par ailleurs, le captage fait l’objet de pollutions anthropiques. Des déchets sont régulièrement observés au bord du creek et des personnes mal informées viennent se baigner au niveau de la retenue.
L’accès aujourd’hui autorisé à tout véhicule en amont de ces deux captages ciblés pose le problème de pollutions de l’eau, notamment aux hydrocarbures. Une mise en défens des périmètres de protection immédiat s’avère être indispensable pour une protection durable de la ressource. Cette mise en défens constitue par ailleurs, une prescription requise par les arrêtés relatifs aux captages. Dans ce contexte, il est prévu d’apposer un grillage autour de ce périmètre au niveau des deux captages ciblés. La pose sera assurée par les associations tribales concernées ou les conseils de clans, permettant une participation active de la population concernée.
La première opération de restauration proposée sur les deux sites est la revégétalisation en savane pour favoriser la régénération forestière. Un état des lieux des plantations réalisées au cours des différents projets autour du captage de Haccinem permet de mettre en évidence les expériences qui se sont avérées positives (essences utilisées, taille des plants, etc.), et sur lesquelles le projet s’appuiera afin d’optimiser la réussite des plantations envisagées.
Des échanges seront organisés entre les tribus concernées et notamment des visites de terrain pour permettre des partages d’expérience.
Pour ces plantations, l’objectif est qu’un maximum de plants soit produit localement par l’association CAAM et le conseil de Kokingone. Pour cela, le projet viendra également soutenir la structuration de pépinières associatives par la fourniture de matériels indispensables à la production de plants.
En complément des plantations sur sol nu, des cordons pierreux ou des fascines basses de niaouli seront disposés dans les zones où des phénomènes de ravinement de surface ont été observés. Ces dispositifs doivent permettre de limiter l’érosion de surface et d’assurer une meilleure survie des plants.
Concernant les opérations de protection, seul le bassin de captage de Haccinem fera l’objet d’actions de régulation des cerfs et cochons. En effet, sur Kokingone, la pression de chasse individuelle est importante et régulée par la population avoisinante.
La connaissance des dynamiques érosives dans le bassin de captage de Haccinem a mis en évidence la nécessité d’axer prioritairement les efforts de régulation sur le cochon. En effet, en période humide, le cochon privilégie la fouille des versants dont les sols ont été ameublis par les dernières pluies. Ces versants fouillés sont bien plus vulnérables à l’érosion au moment précis où l’occurrence des pluies importantes est la plus grande. La connectivité des souilles et des fouilles avec le réseau hydrographique est très importante et mérite une attention toute particulière. La mise en œuvre des activités de chasse sera assurée par l’association de chasse, TIPWOTO.
Les opérations envisagées s’inscrivent sous l’égide de la commune en lien avec ses compétences et ses obligations légales, en matière de mise en défens du périmètre de protection immédiat et de panneautage à destination des visiteurs du site. Cette approche doit garantir un entretien à long terme des investissements qui seront réalisés, assurant la pérennité de l’intervention.Panneau de sensibilisation à Kokingone
Une subvention complémentaire attribuée par l’OFB permettra d’élaborer un schéma de restauration des bassins de captages actifs sur la commune de Touho. L’ensemble de ces bassins sont situés sur le massif des Lèvres, qui constitue l’une des 10 zones prioritaires identifiées pour la gestion des espèces envahissantes dans le cadre de PROTEGE. Leur protection apporte directement une contribution à la préservation de l’intégrité écologique du massif notamment du point de vue de sa biodiversité.
Dans un premier temps, un diagnostic succinct et global des 4 captages actifs de la commune par analyse satellitaire et descente de terrain sera réalisé. Ce diagnostic consistera à analyser la situation écologique des bassins ainsi que les pressions auxquelles ils font face, conduisant à l’établissement d’une note de priorité au regard des obligations légales de la commune et des problématiques érosives observées. Le retour d’expérience des opérations menées dans le cadre du projet PROTEGE permettra d’orienter et d’adapter les actions selon le contexte socio-environnemental des autres captages.
Dans un second temps, cette note sera présentée à la commune puis discutée avec les populations locales concernées afin d’adapter les actions selon les besoins émis.
Une fois validée, la mairie disposera d’un outil qui lui permettra d’orienter les actions à entreprendre pour la protection de ses captages sur le moyen-long terme.