En Nouvelle-Calédonie, la savane s’est imposée comme un élément majeur des paysages notamment sur les terres coutumières. En effet, la savane est pourvoyeuse de ressources intéressantes pour les populations locales. Sans intervention humaine, un processus de reconversion naturelle de la savane en formation forestière s’opère, induisant un gain de biodiversité. Ce processus est cependant bloqué par le passage répété des feux d’origine anthropique. En 2019, 29 000 hectares de végétation ont été détruits par les flammes sur l’ensemble de l’archipel. Ces incendies favorisent la prolifération des espèces exotiques envahissantes (EEE) végétales, au détriment des espèces endémiques. De plus, les repousses constituent des aliments appétents pour les EEE animales (cerfs et cochons sauvages), empêchant la régénération naturelle en savane.
Ces formations végétales allient donc intérêt écologique, au regard de leur potentiel de gain de biodiversité et intérêt culturel et économique pour les populations locales.
Partant de ce constat, la Province Nord a lancé un projet pilote en janvier 2020, financé à 55 % par l’OFB (Office Français de la Biodiversité), pour une durée de 30 mois, qui cible les espaces de savane sur les terres coutumières de trois tribus de la commune de Touho située sur la Côte Est de la Grande Terre.
L’ONFI en partenariat avec deux bureaux d’étude locaux intervient dans l’appui à la mise en œuvre du projet.
L’hypothèse centrale tient dans l’idée que valoriser ces espaces, d’un point de vue économique (foresterie, agroforesterie, chasse), écologique (préservation de zones sensibles) ou en matière d’aménagement (implantation d’habitats), peut favoriser la reconquête de la biodiversité à travers une diminution des pressions liées aux feux et aux EEE.
La conception d’un plan de mise en valeur des terres coutumières avec et pour les bénéficiaires s’inscrit au centre de la logique d’intervention du projet. L’objectif est de développer et de tester un outil novateur en Nouvelle-Calédonie, adapté au contexte spécifique du travail sur terres coutumières.
Pour cela, on entend accompagner les tribus dans la construction d’une vision à long terme de leurs espaces à partir d’un diagnostic environnemental et de l’analyse des usages et maîtrises foncières permettant d’avoir une représentation du lien que les populations ont avec les savanes. Le projet prévoit en parallèle la mise en œuvre d’actions de terrain en matière de reforestation, de régulation des ongulés envahissants et d’accompagnement à la régénération naturelle à travers l’expérimentation d’itinéraires techniques sylvicoles.